LES YEUX DE JESUS

 

 

LES YEUX DE JESUS

 

1. Le regard de compassion (collectif)

 

Dans l'histoire d'Israël autrefois, à bien des occasions « l'Éternel dit : J'ai vu, j'ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Égypte. et je suis descendu pour le délivrer » (Exode 3.7).

Dans la période des rois d'Israël : « L'Éternel vit que l’affliction d'Israël était très amère... et il n'y avait personne qui secourût Israël. et il les sauva » (2 Rois 14. 26-27).

Mais dans l'Évangile, Jésus lui-même, venu du ciel sur la terre, « voyant les foules… fut ému de compassion pour elles, parce que ces gens étaient las et dispersés comme des brebis qui n'ont pas de berger » (Matthieu 9.36). Tout son cœur était tourné vers ces foules. C’est pourquoi il envoie ses douze disciples pour qu'ils aillent « vers les brebis perdues de la maison d'Israël » (Matthieu 10.6).

En Matthieu 14. 14, « il vit une grande foule : il fut ému de compassion envers eux ». Le soir approchant, les disciples auraient voulu les renvoyer, mais Jésus leur dit: « Vous, donnez-leur à manger ». C'est la multiplication des cinq pains et des deux poissons ; tous mangent et sont rassasiés. Pour les disciples il reste douze paniers pleins, comme en Marc 6 et Jean 6.

Une dernière fois Jésus monte à Jérusalem. Quand il est tout près, voyant la ville, il pleure sur elle, disant : « Si tu avais connu toi aussi... ce qui qui t'apporterait la paix !... Des jours viendront sur toi où tes ennemis... t'écraseront jusqu'en terre, toi et tes enfants au dedans de toi » (Luc 19.41-44). Jérusalem allait crucifier son Messie, et lui pleurait, comme il avait pleuré au tombeau de Lazare, et le fera seulement encore une fois, à Gethsémané, dans la perspective de l'abandon et de la mort (Hébreux 5.7).

 

 

Le regard individuel

 

Au réservoir de Béthesda, un homme infirme depuis trente-huit ans est couché là. Jésus, le voyant, lui demande : « Veux-tu être guéri ? ». Et le malade répond : « Je n'ai personne ». Jésus lui dit : « Lève-toi. et marche ». Aussitôt l’homme est guéri (Jean 5.1-9). La puissance divine était là, mais surtout le cœur de celui qui, « avait été fait à la ressemblance des hommes » (Philippiens 2.7).

 

À Golgotha, alors qu'il endure toutes les souffrances de la croix, « Jésus, voyant sa mère et, se tenant à son côté, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère » (Jean 19.26-27). Jean la prend chez lui. De qui se seraient-ils entretenus ? Elle l'avait connu et entouré depuis sa naissance jusqu'à ses trente ans ; et lui l'avait accompagné pendant les trois années de son ministère jusqu’à la croix : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché concernant la Parole de la vie... » (1 Jean 1.1).

 

 

2. L'intérêt profond

 

Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il voit deux frères, Simon et André. Jésus sait d'avance ce qu’ils deviendront. De pêcheurs de poissons « je ferai de vous des pêcheurs d'hommes ». La scène se répète avec Jacques et Jean qu’il voit raccommodant leurs filets ; à son appel, aussitôt ayant quitté la barque et leur père, ils le suivent (Matthieu 4.18-22). Déjà au bord du Jourdain Jésus avait vu deux disciples le suivre; ils étaient demeurés auprès de lui ce jour-là, à la dixième heure. André, l'un d'eux, mène son frère Simon à Jésus qui, l'ayant regardé, dit: « Tu es Simon... tu seras... Pierre » (Jean 1.42).

Le lendemain, Jésus trouve Philippe qui le suit. Philippe trouve Nathanaël qu'il conduit à Jésus. Jésus voit Nathanaël, dont il déclare : « Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude ». Nathanaël s'étonne : « D'où me connais-tu ? ». Et Jésus de répondre : « Quand tu étais sous le figuier, je te voyais » (Jean 1.43-51).

Zachée, petit de taille, monte sur un Sycomore pour voir Jésus qui allait passer là. Ce n'est pas le publicain qui voit Jésus, mais « Jésus. leva les yeux, le vit et lui dit : Zachée, descends vite, car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison » (Luc 19.5).

 

 

3. Le regard qui sonde

 

Le psaume 139 en est rempli : « Éternel ! Tu m'as sondé, et tu m'as connu... Tu discernes de loin ma pensée. Où fuirai-je loin de ta face ? ». Le psalmiste conclut : Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi, et connais mes pensées, et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle ». Prière que nous aussi pouvons bien exprimer au Seigneur Jésus.

En Marc 10.17-27, l'homme qui possédait de grands biens vient à Jésus, l’assurant d'avoir gardé dès sa jeunesse toutes les prescriptions de la loi. « Jésus l'ayant regardé, l'aima et lui dit : Une chose te manque : Va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-moi ». Mais l’homme s’en va tout affligé, ne pouvant se séparer de ses biens. Jésus attristé « regarde autour de lui» et dit par deux fois à ses disciples : « Comme il est difficile pour ceux qui se confient dans les richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étonnés disent entre eux : « Et qui peut être sauvé ? ». Jésus, les regardant, dit : « Pour les hommes, cela est impossible, mais non

pas pour Dieu ».

En Marc 8.31, le Seigneur commence à enseigner ses disciples : « Il faut que le fils de l’homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté… mis à mort ». Il tenait ce discours ouvertement. Mais Pierre à l'audace de le prendre à part et de le reprendre. Lui, se retournant et regardant le petit troupeau des disciples, reprend Pierre, disant : « Va arrière de moi, Satan ». Il savait bien d'avance quelles persécutions ils devraient endurer. Pour qu'ils ne se découragent pas, il avertit Pierre devant eux : «... tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes ». Devant la foule il ajoute : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive » (v.34).

Après que Pierre l’a renié, il est répété pour la troisième fois : « Le Seigneur, se retournant, regarda Pierre ! », regard qui sonde, mais aussi qui console, et amène la repentance: « Étant sorti dehors, il pleura amèrement » (Luc 22.61-62).

Au bord de la mer de Tibérias (Jean 21), Jésus donne à Pierre l’occasion de réagir à la question attristée de son Maître: « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ceux-ci ne m'aiment ? ». Et Pierre répond: «Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime ». La restauration est accomplie après une triple réponse ; le service futur de pasteur des brebis et du troupeau, est confié au disciple qui avait laissé au Seigneur le soin d'apprécier l'amour qu'il avait pour lui.

Jésus, étant assis vis-à-vis du trésor du temple, regarde comment la foule jette de la monnaie au trésor. Plusieurs riches y jettent beaucoup. Une pauvre veuve vient, et y jette deux pites qui font le quart d'un sou. Jésus saisit l'occasion d'appeler ses disciples, et de leur dire : « Cette veuve pauvre, a jeté au Trésor plus que tous ceux qui y ont jeté ; car tous y ont jeté de leur superflu, mais celle-ci y a jeté de son dénuement, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre » (Marc 12. 41-44). D'où nous pouvons bien comprendre que le Seigneur ne regarde pas tant ce que l’on donne, que la part gardée pour soi !

 

 

4. Le regard qui juge

 

Ceux de la synagogue où il était entré « observaient Jésus pour voir s’il guérirait le jour du sabbat, afin de l'accuser ». Il y avait là un homme avec la main desséchée ; Jésus lui ordonne de se lever devant tous et demande à l'assistance s’il est permis

de faire du bien le jour du sabbat ou de faire du mal. Seul un silence hostile lui répond. Jésus alors regarde à la ronde avec colère, étant attristé de l'endurcissement de leur cœur. Il guérit la main desséchée. Là-dessus les pharisiens, sortant aussitôt avec les hérodiens, tiennent conseil contre lui pour le faire périr (Marc 3.1-6).

Hébreux 4.13: Les yeux de celui à qui nous avons affaire. « La Parole de Dieu est vivante et opérante… elle atteint jusqu’à la division de l'âme et de l'esprit. il n'existe aucune créature qui soit cachée devant lui, mais tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Hébreux 4.12-13).

Isolé dans l’île de Patmos, Jean avait part à la tribulation «… à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus-Christ » (Apocalypse 1.9). Il a la vision du Seigneur comme juge.

Les yeux qui s'étaient portés avec tant d'amour sur beaucoup de pécheurs, sur ses disciples, sur le jeune homme riche, sont alors « comme une flamme de feu » (Apocalypse 1.14). « Le disciple que Jésus aimait » reconnaît bien celui qui est devant lui « semblable au Fils de l'homme »; pourtant il « tombe à ses pieds comme mort ». Mais Jésus met sa main droite sur lui, disant : « Ne crains pas ; moi je suis le premier et le dernier, et le vivant ; j'ai été mort, et voici je suis vivant aux siècles des siècles ». Il confie à son disciple le soin d'écrire « les choses qu'il a vues » (1.12-16), « les choses qui sont » (2 et 3), et « les choses qui doivent arriver après celles-ci » (4.1-22.20).

« Apocalypse » signifie « Révélation » ; « les yeux qui sont comme une flamme de feu » discernaient d'avance et révélaient à son disciple, pour qu'il les écrive et les communique, tous les jugements qui viendront sur la terre sur ceux qui l’auront rejeté.

Et pourtant vient la conclusion de toute la Bible : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints ».

 

 

5. Lever les yeux au ciel

 

Attristé par la mort brutale de Jean le Baptiseur, Jésus se retire « dans un lieu désert à l'écart » (Matthieu 14.13). Mais bien vite les foules le suivent à pied de différentes villes. Sorti de la barque, il voit cette grande foule, est « ému de compassion envers eux et guérit leurs infirmes ». Le soir venu, le lieu est désert. Les disciples désirent renvoyer les foules. Mais, dit Jésus : « Il n'est pas nécessaire qu'elles s'en aillent : vous, donnez-leur à manger ». Ils objectent n'avoir que cinq pains et deux poissons. Quelle solution ? « Apportez-les-moi ici ». La foule s’assied sur l'herbe, Jésus prend les cinq pains et les deux poissons, regarde vers le ciel et rend grâces. Les disciples transmettent aux foules ce qu'ils ont reçu du Seigneur, et tous mangent et sont rassasiés.!

En Marc 7.32 « on lui amène un sourd qui parlait avec peine ». Jésus le tire à l'écart, hors de la foule, met les doigts dans ses oreilles, lui touche la langue et lève les yeux vers le ciel, puis gémit en soupirant devant toutes les souffrances que le péché a amenées dans le monde. Il suffit de sa parole : « Éphphatha », c'est-à-dire « ouvre-toi », pour que les oreilles du sourd s'ouvrent, les liens de sa langue

se délient. Il parle distinctement. Du ciel est venue la délivrance par celui qui en est « descendu » (Jean 3.13).

Après les gloires de la transfiguration, Jésus et les siens descendent de la montagne. Un père s'approche de lui, se jette à genoux devant lui, disant : « Seigneur aie pitié de mon fils, car il... souffre cruellement » ; tes disciples n'ont pu le guérir. Jésus s’exclame : « O génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? » Toute la souffrance du cœur du Sauveur est là. Un mot de sa part : « Amenez-le-moi ». « Jésus guérit l'enfant, et le rendit à son père » (Luc 9.42 ; Marc 9.14-28 ; Matthieu 17.14-18).

La souffrance du cœur du Sauveur atteint presque son paroxysme au tombeau de Lazare (Jean 11.33). Il frémit en son esprit, se trouble : « Où l'avez-vous mis ? ». Ils lui disent: « Seigneur, viens et vois ». « Jésus pleura ». Pourtant il savait ce qu'il allait faire. Il n’accomplit pas de miracle pour « enlever la pierre »; ceux qui l’accompagnent le font. Jésus lève les yeux en haut et rend grâces à son Père. Puis il crie à haute voix: « Lazare, viens ici, dehors ! » (v.43).

La seule prière adressée par Jésus au Père, dont nous connaissions les détails, est en Jean 17. Avant de la prononcer, il « leva ses yeux au ciel, et dit: Père... » (v.1).

A la fin de l'évangile de Jean, Jésus va quitter ses disciples. Il présente les divers enseignements des chapitres 14 à 16 et termine en disant : « Le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu. Je suis sorti d'auprès du Père et je suis venu dans le monde; et de nouveau (quel soulagement !) je laisse le monde et je m'en vais au Père » (16. 27-28).

Quarante jours après la résurrection, il les mène dehors jusqu’à Béthanie et,   dernière vision qu’ils auront de lui, « levant les mains en haut, il les bénit… il fut séparé d'eux et fut élevé dans le ciel » (Luc 24.50-51). « Ils fixaient leurs regards vers le ciel tandis qu’il s’en allait » (Actes 1.10)

Tout leur espoir, et le nôtre, sera de le rejoindre un jour, selon sa promesse : « Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14.3).

 

O jour heureux, lorsqu’en ta gloire

Aux yeux des tiens tu paraîtras !

Avec le cri de la victoire,

Vers toi, Jésus, tu nous prendras.

(Hymnes et Cantiques 56, 3)

 

Georges ANDRE 

 

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