L'AMOUR INLASSABLE DE DIEU
(2° partie)
IL CHOISIT SOUVERAINEMENT
Si nous avions dû choisir un homme destiné à diriger un peuple par le moyen duquel un dessein sublime devait s’accomplir et en qui toutes les nations de la terre devaient être bénies, nous n’aurions certainement pas placé Jacob en tête de liste. Esaü, cœur généreux, aurait passé bien avant lui. Qui d’autre que Dieu aurait choisi un personnage aussi méprisable que Jacob ? Rien d’attirant chez cet homme avide, cupide, intrigant, assez vil pour profiter de l'extrême fatigue de son frère pour lui arracher, non seulement son héritage terrestre, mais son autorité spirituelle. Car Esaü aurait dû devenir le chef spirituel du clan, à la mort de son père.
Pour rendre justice à Jacob, il faudrait mentionner que ses parents n’ont pas fait preuve de beaucoup de noblesse de caractère. « Isaac aimait Esaü parce qu'il mangeait du gibier » (Gen. 25.28) ; quel père indiscipliné, gouverné par son appétit ! Rebecca portait à Jacob un amour faible et dangereux ; elle l’incita et l’aida même à tromper ; mère sans’ scrupules, elle était dominée par une ambition
mauvaise pour son fils préféré. Esaü, de son côté, méprisa ses privilèges spirituels et y renonça à la légère. Jacob, lui, était astucieux et mesquin, prêt à exploiter même son frère jumeau. Telle était la famille que Dieu choisit pour manifester sa grâce.
Jacob était victime de son hérédité, mais Dieu n'est pas limité pour autant. A la vue d’un aveugle, les disciples perplexes demandent à Jésus : « Qui a péché, cet homme ou ses parents ? » Et le Maître de répondre : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui » (Jean 9. 1-3). Voilà pourquoi Dieu a jeté son dévolu sur Jacob. Il a choisi une misérable créature avec l'intention d’en faire un prince.
La fausseté de caractère de Jacob fournit un arrière-plan saisissant au déploiement de la grâce incomparable de Dieu et à la révélation de son attitude envers le plus faible de ses enfants. Si Dieu ne portait son choix que sur ceux qui sont forts, nobles ou brillants, pour l’accomplissement de ses desseins, la grande majorité des chrétiens seraient disqualifiés. Paul voulait peut-être justifier le choix de Dieu lorsqu'il écrivit le passage suivant, si connu :
« Considérez votre appel, frères, — qu'il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont ; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. » (1 Cor. 1. 26-29 vers. Darby).
On oublie souvent que Jacob n'était plus jeune lorsqu'il s’empara du droit d’aînesse d’Esaü ; il avait probablement soixante-dix ans, et pas moins de quatre-vingts ans quand il le frustra de la bénédiction paternelle. Il mourut à cent-quarante-sept ans, mais il était déjà parvenu à l’âge mûr lors de ces faits peu reluisants. Jacob n'était plus un adolescent mais un homme fait dont le style de vie était établi, et qui avait persisté dans ses agissements malhonnêtes, la moitié de sa vie durant. Les psychologues auraient probablement affirmé que son caractère ne pourrait jamais changer radicalement si tard, mais Dieu n’est pas limité par les lois de la psychologie. Il ne désespère pas de nous, même si nous sommes dégoûtés de notre propre vie. Sa patience est sans limite, ses ressources sont inépuisables.
Oswald SANDERS
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