LA TACTIQUE DE L’ADVERSAIRE
(3° partie)
3. Le menteur
« Il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond; car il est menteur et le père du mensonge », Jean 8. 44. « Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n'est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n'est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice », 2 Cor. 11.13-15.
Le diable a été autrefois « l’astre brillant, fils de l'aurore », Es. 14. 12. Il est tombé pour avoir voulu prendre la place du Seigneur. Aujourd’hui encore, il est hanté par le désir de l'imiter, de se faire passer pour Dieu. L'ange déchu voudrait, dans ce but, se parer des dehors de l'innocence perdue. Etant père du mensonge, il excelle dans cette œuvre de constante tromperie, Jean 8.
Il a sans cesse la Parole de Dieu à la bouche : c'est son premier thème de conversation avec Eve, Gen. 3. 1. Il la cite avec astuce à Jésus dans le désert, comme s'il lui prêchait ainsi la foi en Dieu : Confie-toi en lui, jette-toi du haut du temple, puisque la prophétie l’annonce à ton sujet, Mat. 4. 5-6.
Nous verrons qu’il affecte de se faire le défenseur de la loi divine violée par les pécheurs, osant sur cette base nous attaquer jusque devant le souverain Juge. Il persuade les Juifs qu’en faisant mourir le Christ, ils vengent l'honneur du Dieu unique et font respecter sa loi que Jésus aurait transgressée, Jean 8. 44; 10. 33 ; 19. 7. Selon la parole du Seigneur dans Jean 16.2, les âmes aveuglées par l'ennemi croiront bientôt rendre un culte à Dieu en tuant les croyants authentiques. Saul de Tarse, dans son zèle fanatique pour la loi et les traditions juives, en était fermement persuadé, Gal. 1.13-14. Au cours des siècles, que d’églises dites chrétiennes ont été amenées de la sorte à martyriser les enfants de Dieu !
D'autre part, que de fois Satan n’est-il pas parvenu à nous faire prendre notre volonté pour celle de Dieu. C'est d’ailleurs le comble de l’orgueil qui nous persuade que nos propres désirs sont l'expression de la sagesse et de la vérité absolues. Souvenons-nous à ce propos de la parole adressée au prince de Tyr, qui est un type de Satan : « Ton cœur s’est élevé, et tu as dit : Je suis Dieu !... Toi, tu es homme, et non Dieu, et tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu », Ez. 28. 2.
L'ennemi excelle à donner aux hommes aveuglés même du zèle pour Dieu, pourvu que ce zèle soit stérile et sans intelligence, Rom. 10.2-3. Il les pousse à faire beaucoup d'œuvres, mais des œuvres encore « mortes », produites par des âmes irrégénérées (Hébr. 9. 14). Il leur met dans le cœur un immense amour pour les déshérités, en leur faisant songer seulement au corps et non au salut éternel. Il dit à certains: « Voilà la vérité ! » et il les jette dans une secte pernicieuse et fanatique. En faisant une légère adjonction à l'Evangile « pour mieux honorer la loi » (par la circoncision, ou le retour à des ordonnances périmées), il sépare les âmes de Christ et les fait déchoir de la grâce, Gal. 5. 2-4.
Sous prétexte de mieux exalter l'amour de Dieu, il nie avec assurance la perdition : « Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que vous serez comme des dieux », Gen. 3. 5. Avec le même argument, il réussit aujourd’hui à faire croire qu’il n’y a pas d'enfer et que tous les impénitents, y compris lui-même, seront sauvés « pour que le triomphe de Dieu soit vraiment total. »
Notre monde livré à Satan évolue visiblement sous le signe du mensonge. La propagande moderne développe toujours plus l’art de tromper les masses avec les moyens les plus scientifiques et les plus efficaces : slogans, affiches, presse, statistiques, films, radio, télévision. On ment dans les foyers, la vie politique, le commerce, devant les tribunaux. On trompe même dans la religion, lorsqu'on prêche aux âmes un faux évangile ou qu'on fait un trafic des choses saintes.
Le chef-d'œuvre du mensonge et du camouflage sera l’apparition de l’Antichrist accompagné du faux-prophète. Par la puissance de Satan ce personnage fera de grands miracles et persuadera une foule de gens — Juifs et Gentils — qu'il est le véritable Christ. Il exigera qu’on lui rende un culte et induira les hommes à adorer le diable lui-même, 2 Thess. 2. 3-4, 9; Apoc. 13. 4, 8. Nous retrouvons ici l'ambition suprême que l'ennemi a toujours eue dès le début: se faire recevoir, non pas seulement comme un ange de lumière, mais comme le Seigneur lui-même, être semblable au Très-Haut, Es. 14. 14. Chose inouïe, le dieu de ce siècle (2 Cor. 4.4) réussira une fois et pour un peu de temps à persuader l'humanité égarée qu'il est le véritable Dieu. Il aura atteint alors le terme de sa course, le mystère de l’iniquité sera totalement accompli, et le jugement si longtemps retardé s’abattra enfin sur lui.
René PACHE
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